ChallengeAZ – V comme Victorine Autier

Cela ne surprendra personne si je vous dis que peu de rues ont un nom de femme. Pour Amiens, environ 4% des rues rendent hommage à une femme… C’est pourquoi, pour ce 22e jour de challengeAZ, j’ai choisi de vous parler de Victorine Autier.

Victorine Autier

Née le 25 Janvier 1840 à Amiens, Victorine Augustine Flavie AUTIER est la fille de Victor Autier, médecin et Aimable Juliette Flavie PRILLEUX.

Déjà toute jeune, elle baigne dans l’univers de la médecine. Son père, dépêché à Amiens en 1832 pour aider à soigner la première épidémie de choléra, s’installe dans la ville. Il trouve sa vocation dans l’administration de la médecine aux plus nécessiteux. Il obtient alors titre de « médecin des pauvres » en 1866.

Acte naissance, archives communales d’Amiens

Victorine grandit donc dans un milieu favorisé et aidant des plus nécessiteux, mais ne supportant pas la vue d’une dent arrachée.

Ambulance de Nouzon

Victorine Autier

Lorsque la Prusse envahie la France en 1870, Victorine, son père et ses frères rejoignent le champ de bataille avec l’ancêtre de la Croix Rouge : ils officieront dans une ambulance (hôpital ambulant) à Nouzon, pendant la bataille de Sedan.

Victorine Autier est infirmière. Elle lave, nourri, panse et administre les médicaments aux blessés. Elle est fortement affectée par ce qu’elle vit en Septembre 1870, lors de l’envahissement de la commune de Nouzon. Prise de panique, la population prend la fuite.

Victorine Autier tente alors de rejoindre l’ambulance, qui par sa nature est un terrain neutre. Elle y voit des assassinats « d’espions » par des soldats, sans jugement et dont les corps ont été jetés dans le fleuve par la foule exaltée. Elle ajoutera dans son récit à son père, que pour rejoindre l’ambulance, elle sera obligée de passer sous les ventres des chevaux poussée par leurs cavaliers.

Ambulance de Villers Bretonneux

Le 28 Novembre 1870, les prussiens entrent dans Amiens. Le gros de l’armée Française avait abandonné la ville, laissant quelques troupes au sein de la Citadelle, chargée de défendre autant que se peut la ville (rappelez-vous du boulet de canon dans la rue Eloi Morel). Le commandant Vogel, mortellement touché décède dans la journée. Les troupes se rendent aux prussiens. Il est temps de s’occuper des soldats blessés, français et prussien.

Notre bilan humanitaire, 1872 – Dr Victor AUTIER – Gallica BNF

La plus grosse bataille a eu lieu à Villers Bretonneux deux jours plus tôt. Environ 800 soldats blessés sont abrités à même le sol, par des températures hivernales. Le docteur Autier est réquisitionné à la fois par les français et par les prussiens pour s’occuper des blessés. Il est rejoint quelques jours plus tard par sa fille.

Ensemble, ils s’occuperont pendant dix mois des blessés, sur différentes ambulances, parfois distantes de 8 km, à pied. Le personnel médical est très réduit : uniquement 4 personnes (le Dr Autier, son aide soin Normand, parfois un fils Autier, et Victorine Autier), rendant la fatigue extrême.

Un hommage

Epuisée, elle retourne à la vie civile en Juin 1871. Elle décède le 31 Juillet 1874 à Amiens, sans doute de tuberculose, et ce, malgré les soins de son père. Elle avait 34 ans.

Acte décès, archives communales d’Amiens

Un buste en bronze ornait sa tombe, sculpté grâce aux dons des soldats qu’elle a soigné comme indiqué sur ledit buste. Nous pouvons cependant voir une copie au musée de Picardie.

Elle sera médaillée de la Société Nationale Belge (Croix Rouge belge), et de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem. Victorine obtient également à titre posthume de la médaille des Infirmiers de la Guerre de 1870.

Enfin, son visage orne la médaille de citoyenneté d’Amiens depuis 2003.

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