Aujourd’hui 6e jour du challenge AZ, intéressons nous à une rue au nom étrange : la rue de la Fosse au Lait. Mais d’où vient ce nom?
Le mythe d’une rue
Quel étrange nom que cette Fosse au lait.
Comment ne pas imaginer une grande cuve rempli de lait, et à écouter les amiénois c’est exactement cela.
Il paraît que les laitiers, devant la production importante de lait de leurs vaches, venaient vider le trop plein de leurs cuves dans ce grand espace vide, ce fossé. Ainsi, les pauvres accouraient récupérer un peu de lait pour leur famille, avant que celui ci ne soit caillé et impropre à la consommation.

Hélas, voilà un joli conte éloigné de la vérité
Craie, Vignes et Chanoines
Eloignons nous des vaches, et intéressons nous au lieu dit de la Fosse au lait.
Carrière de craie, elle n’est que très peu utilisé par les amiénois avant 1950.
Une photographie, conservée par les archives départementales de la Somme, nous montre l’étendue du secteur (et deux terrains de tennis).

Il faut remonter plusieurs siècle avant de trouver l’origine de la dénomination. Et là, stupeur ! ou non pour le généalogiste confirmé.
Une fois de plus, un nom a changé d’orthographe : notre rue de la Fosse au Lait est à l’origine un lieu dit de la Fosse Alais ! Alais comme le propriétaire des vignes qui poussaient au 15e siècle.

Pierre Alais (ou Alays) était chanoine de la Ville d’Amiens. Bachelier de lois et décret en 1404, il exerce ses fonctions dans la ville avec son frère Thomas.
Tous deux meurent de la peste en mai 1430. S’en suit alors une guerre de succession sur fond de Guerre de Cent ans.
Pour résumer grossièrement l’époque, Amiens est sous l’égide de Robert Le Josne alors bailli et partisan de l’Angleterre. Nos frères Alais sont eux toujours pour le roi de France et le clame plus ou moins fort en ville, et refuse de quitter la ville pour se mettre en sécurité en terres “dauphinoises”
A leurs morts, ils donnent tous leurs biens à l’église, mais leurs biens (et surtout leur or) est confisqué par le bailli. Jehan Alay, frère des chanoines, intenta alors un procès au bailli, procès qui sert aujourd’hui encore comme illustration des tentatives d’extorsion de Robert Le Josne contre ses ennemis politiques. A lire ici !
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