Quatre lemaire pour la France. Voilà une histoire familiale qui s’entrelace intimement avec la Grande Histoire. C’est l’histoire d’une famille qui perdit quatre membres pendant la deuxième guerre mondiale. Et c’est le sujet de ce 17e jour de challengeAZ.
Maurice Joseph Auguste LEMAIRE, dit Adrien
Maurice Joseph est né le 26 Mars 1897 dans la commune de Saint-Valéry-sur-Somme, fils d’un charbonnier et d’une ménagère. Au décès de son père, il s’engage en 1915 dans l’armée Française. Il s’illustre au sein de son régiment, et reçoit trois citations des faits de bravoure. Il obtiendra également la Croix de Guerre.

A la fin de la guerre, le 19 Septembre 1919, il épouse Alice LEMAIRE, née le 13 Février 1887 à Amiens, fille d’un manouvrier et d’une ménagère. Alice est veuve de guerre. Son précédent mari est mort en Septembre 1914, sans qu’un enfant naisse de cette union. Charcutier lors de son incorporation, il est devenu traminot à Amiens.
Ensemble, ils auront trois fils : Maurice, Charles et Arthur.
Communiste militant, il est interné en avril 1940 dans les camps de Plainval (Oise), puis du Sablou (Dordogne) et de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne). Ces camps, ouverts dès novembre 1939, avaient la vocation de surveiller les « indésirables français et étrangers », comprendre les opposants politiques, communistes et les individus dits dangereux pour la sécurité nationale. Il en sort en Juin 1941, et retrouve sa famille.
Il rejoint son fils, Maurice Arthur, au sein des Francs-tireurs et Partisans (FTP).
Maurice Arthur Auguste LEMAIRE,

Né le 9 Septembre 1919 à Amiens, Maurice Arthur est ajusteur. Il épouse le 6 Décembre 1941 Charlotte Yvonne Ambroisine Brillan, à Amiens.
Il voit d’un mauvais œil l’occupation d’Amiens par les Allemands, et s’engage dans la résistance.
A la libération de son père, il le présente aux membres du groupe de Jules Bridoux, dit Michel. Très vite, Michel père monte les échelons, et sans doute grâce à son expérience militaire, devient responsable régional d’un groupe de FTP.
Pourchassé par leurs actions, Maurice père et fils quittent la Somme en février 1942, et rejoigne le groupe FTP normand. Ils y poursuivent leurs opérations de sabotage. Jusqu’au 4 Juillet 1942, où une mission tourne mal : encerclés par la gendarmerie, ils réussissent à s’enfuir. S’enfuyant à la nage, Maurice père finira par porter son fils blessé et trouvera refuge dans une ferme. Le fermier les dénoncera, et la Gestapo les arrêtera.
D’abord emprisonnés à Cherbourg, puis à Saint Lô, le tribunal militaire allemand les condamnera à mort. Maurice père est fusillé le 1er Octobre 1942 à Saint Lô. Maurice fils subit le même sort le 24 Novembre de la même année.
Charles Arthur LEMAIRE, dit Jean

Né le 15 Février 1926 à Ailly-sur-Somme, il est étudiant à la société industrielle d’Amiens. Il est monteur de cycle. Comme son père et son frère, il est communiste, et intègre les FTP.
Il bricole régulièrement les explosifs pour son groupe, et on lui doit notamment l’explosion du Royal le 24 Décembre 1942.
Le Royal est une brasserie de Luxe, réquisitionnée par l’armée allemande en tant que « Soldatenheim » un foyer de vie et de détente pour les officiers. Le soir du Réveillon de Noel 1942, alors que la fête bat son plein, une bombe, constituée de deux mines anti-chars explose au niveau de la façade du Royal. Difficile d’établir le bilan, les différentes sources n’étant pas d’accord. Après-guerre, on s’accorde à imputer une trentaine de morts à l’explosion. Paraîtra dans le Progrès de la Somme (collaborant avec l’occupant) un simple article faisant état de légers blessés. Difficile à croire quand on voit les dégâts causés.

Charles est arrêté le 24 Avril 1943 et condamné à mort le 22 Juillet.
Exécuté à la Citadelle d’Amiens le 2 Août 1943, enterré dans ce qu’on appellera « le charnier de la Citadelle ». Après la Libération, son corps est exhumé, identifié, puis rendu à sa mère.

Arthur LEMAIRE
Dernier de la fratrie, né le 12 Mai 1929 à Ailly Sur Somme, Arthur intègre également le groupe de Jules Bridoux.
Animé par la vengeance le 28 Août 1944, il tentera, seul, d’attaquer à la grenade à un groupe de soldats allemand passant dans la rue de Conty.
Arrêté le jour même par les soldats qu’il avait attaqué, il disparut. On suppose encore aujourd’hui qu’il a dû être exécuté. Il ne sera déclaré mort qu’en 1951.
La rue des Quatre Lemaire
Maurice père et fils, et Charles obtiendront la médaille de « l’ordre de la Libération », reconnus pour leurs faits de résistances, tous trois à titre posthume.
Une plaque commémorative se tient aujourd’hui au début de la rue où ils ont habité.

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