Dans certaines recherches, il y a parfois des choses surprenantes. Si vous me suivez sur les réseaux, vous connaissez mon amour pour les faits divers et les confrontations judiciaires de nos ancêtres. Mais je n’avais encore jamais croiser la route de faux monnayeurs !
Arthur le faux monnayeur
Alors que j’établissais la recherche des enfants d’une ancêtre, quelle surprise de constater que la fiche militaire d’un de ses fils était rayée suite à une condamnation à la réclusion de 5 ans pour émission de fausse monnaie, et entrainant son exclusion de l’armée.
Arthur Engramer est le fils de Louis et de Zulma. Il est né le 18 Novembre 1863 dans la commune d’Albert. Il est le seul garçon de la famille, face à trois sœurs : Marie, Louisa et Blanche.
Son père décède très tôt, s’endormant sur un four à chaux… Sa mère, internée le mois précédent, Arthur a tout juste 12 ans et se considère tel un orphelin.
Sa sœur aînée rejoint un frère de son père, et travaille dans l’épicerie de la famille. Sa plus jeune sœur est placée dans un couvent et finira par rentrer dans les ordres. Ce qu’il advient d’Arthur et de Louisa est flou. Les archives de la justice de paix, contenant les décisions des conseils de familles sur la commune d’Albert pour l’année 1875, date des événements sont inexistantes.
Qu’est il donc advenu d’Arthur entre 1875 et 1883, date à laquelle il a été appelé à faire son service avant d’être dispensé en tant que fils de veuve ? Il est absent des recensements de la ville, et les minutes de la justice de paix n’ont pas survécu au temps.

Son instruction n’a pas été faite : il ne sait ni lire ni écrire.
Nous savons simplement qu’en 1883, il était journalier, louant sa force de travail à la journée.
Comment faire de la fausse monnaie ?
Avec ses deux compères Maufroy et Quesnel, il écume les cabarets du coin, si bien que l’argent pour payer la bibine vient à manquer. Qu’à cela ne tienne, l’argent ils vont le fabriquer !
Un peu d’étain, une pelle à charbon et des boites de sardines, et les voilà quelques pièces de 2 et 5 francs en poche.
Direction Bécourt et le cabaret de Mme Poulet, et voilà que les tournées s’enchainent, la monnaie est rendue sur les fausses pièces et nos compères rentre chez eux, la sensation du travail accompli.
Hélas pour eux, la cabaretière s’aperçoit de la supercherie, et dépose plainte à la gendarmerie. Aussitôt, le juge, le maire et les gendarmes se rendent au domicile de Maufroy, la tête pensante du groupe. Bingo, nos faux monnayeurs sont sur place, et une perquisition est menée et Arthur avoue tout. Comment l’étain fut fondu dans une pelle à charbon, puis fut versé dans des moules fait à partir de vieilles boites de sardines.
Bien sûr, Maufroy lui tente d’expliquer qu’ils n’avaient pas l’intention de les utiliser ces pièces, qu’elles se sont sans doute mélangées avec les vraies dans sa poche… mais fini par passer aux aveux.

Nos trois compères sont déférés devant les assises de la Somme, en la journée du 5 juillet 1886.
Jugés coupables, mais avec circonstances atténuantes, d’avoir contrefait et participé ensemble à l’émission de monnaies d’argent ayant court en France, ils sont condamnés à 5 ans de réclusions et 100 francs d’amende.
La peine sera commuée à 2 ans d’emprisonnement par décret présidentiel du 14 Septembre 1886 et l’amende sera annulée.
Et après la prison ?
Arthur sort de prison en juillet 1888. Impossible de connaître son parcours entre sa sortie de prison et 1894, où il déclare dans la commune de Flixecourt la naissance d’une petite Arthurine Barbier, fille légitime de Blanche Bocquet et Jules Barbier, disparu sans laisser d’adresse…
De la même manière, il déclare la naissance de Blanche, fille légitime de Blanche Bocquet et Jules Barbier, toujours disparu. La probabilité que notre Arthur soit le père biologique est de plus en plus évident.
Et les recensements de la période 1906 à 1936 de Ville le Marclet ne font que le confirmer, Arthur étant considéré comme pensionnaire, voir ami de Blanche Barbier. Les ans verront ajouter Céleste et René à la famille, jusque 1911 avec la naissance de Germaine.

Arthur travaille pour le plus gros employeur du territoire les textiles Saint Frères, en tant qu’ouvrier d’usine.
Il décède le 21 Novembre 1937 à Ville le Marclet.


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